*** Nos sommes tous des immigrés***
Vous êtes venus,
chargés d’espoir,
Fuyant la faim, fuyant
le désespoir.
Le vent du Sud portait
vos pas,
Vers un destin que vous
croyez là.
Mais ici, frères, le
sol est dur,
Les cœurs fermés, les
murs trop durs.
On vous traque comme
des ombres,
On vous chasse, on vous dénombre.
On vous regarde comme un danger,
Comme si l’exil était un péché.
Votre peau, témoin d’un autre soleil,
Devient, ici, votre seul écueil.
On vous repousse, on vous méprise,
Comme si votre peine était notre la cause de notre crise.
Comme si l’exil était un choix,
Comme si votre peau dictait votre foi.
Vous marchez,
fatigués, sous un ciel sans abri,
Les poches vides, mais
pleines de cris.
Vos rêves, froissés
comme des papiers,
S’égarent dans l’ombre de nos villes et quartiers.
Pourtant, hier, nous
étions ces voix,
Perdues dans le désert,
fuyant l’effroi.
Nos chaînes ont été
brisées un jour,
Mais nos cœurs, eux,
manquent d’amour.
Hier encore, nos pères
errants,
Cherchaient refuge sous
d’autres vents.
Aujourd’hui, c’est
nous qui fermons les portes,
Oubliant que
l’histoire est un vent qui emporte.
Hier encore, nous
étions ces ombres,
Perdus, errants,
brisés par le nombre.
Cherchant refuge,
tendant les mains,
Aujourd’hui, c’est
nous qui fermons les chemins.
Mais avons-nous oublié l’histoire ?
Les chaînes, la faim,
le désespoir ?
Quand nos pères fuyaient
d’autres guerres,
Ne cherchaient-ils pas
une même lumière ?
On se croit venus d’ailleurs,
on se croit différents,
Comme si sur une même
mer pouvait souffler deux vents.
Comme si nos cœurs
battaient plus fort,
Que ceux qu’on chasse,
qu’on abhorre.
On ferme les yeux sur
nos racines,
On renie la terre qui
nous dessine.
Mais qu’est le Sahara
qui nous sépare, sinon un lien ?
Qu’est notre peau, sinon le signe d'un destin commun ?
Un jour viendra, sous
d’autres cieux,
Où l’homme verra enfin
mieux.
Que sous la peau, à l’intérieur
des frontières,
Coule le même sang,
les mêmes rivières.
Frères d’Afrique, mes
mots sont vains,
Je n’ai que honte
entre les mains.
Que l’Histoire un jour
vous rende justice
Et que notre Dieu à
tous éclaire vos chemins
Sadok Zerelli
L’ennemi n’est pas l’Autre mais notre propre peur
RépondreSupprimerMerci pour votre sensibilité